La classe de 4e coiffure a reçu la visite de Tamara, une réfugiée syrienne. Son témoignage et sa volonté de s'en sortir suscitent autant la réflexion que l'admiration.
Sourire aux lèvres, sa fille cadette de 2 ans dans les bras, Tamara se tient devant les 4e lors du cours de religion. Elle s'exprime en français, sans la moindre hésitation. Pourtant, il y a un peu plus de dix ans , elle fuyait, la peur au ventre, les bombes qui s'abattaient sur son pays. S'en est suivi un long parcours semé de peurs, de déceptions mais aussi d'espoirs, d'amour et d'abnégation.
"Je suis d'abord restée en Norvège en attendant que ma demande soit examinée, relate-t-elle. J'ai même appris la langue du pays pour m'intégrer et travailler. Mais, finalement, on nous a demandé de quitter le territoire. Nous nous sommes donc dirigés vers la Belgique car nous y avions de la famille." Une fois chez nous, les démarches ont également été nombreuses et assez longues pour obtenir le droit de rester. En tout, il lui a fallu 8 ans pour y arriver. Huit longues années durant lesquelles elle a fait tous les efforts pour s'en sortir. "J'étais à Genk. J'ai donc appris le néerlandais en validant plusieurs degrés de maîtrise de la langue. Ensuite, je me suis installée à Bruxelles. J'y ai appris le français. Désormais, je parle 6 langues. Ma fille de 4 ans en comprend déjà 4", dénombre Tamara. Les yeux des étudiants s'écarquillent...
"En sécurité mais pas soulagés"
"Entendre cette histoire, c'est mieux que d'assister à un cours durant lequel le prof explique la matière, souligne une élève, Sarah. On est devant quelqu'un qui a vraiment vécu tout ça. En plus, on a pu voir tout ce qu'elle faisait pour s'en sortir. Ce n'est pas du tout l'image de l'étranger qui vient pour profiter du système comme certains peuvent le penser." En outre, le récit de Tamara fait écho au parcours de plusieurs familles de jeunes de 4e Coiffure.
"Et même si nous sommes en sécurité ici, nous ne sommes quand même pas totalement soulagés, rappelle Tamara. On pense sans arrêt à nos proches restés au pays, dans des conditions si pénibles et dangereuses..."
L'association ayant permis cette rencontre (Jesuit Refugee Service - jrschange.org) peut s'enorgueillir d'avoir atteint un bel objectif: promouvoir le vivre ensemble en soulignant que certaines trajectoires de vie peuvent être aussi bouleversantes qu'inspirantes.